DONATION
Préparer sa succession, assurer la pérennité de son entreprise, permettre à un enfant de s’installer, aider un membre de sa famille, un ami, une association, sont des préoccupations que chacun peut avoir.
Se dépouiller d’un bien sans contrepartie est cependant un acte grave et il convient d’abord d’en mesurer, en scrutant l’avenir, les conséquences patrimoniales et familiales.
Des avantages fiscaux, si substantiels soient-ils, ne sauraient, à eux seuls, justifier une décision de cette nature. Il faut aussi connaître les règles édictées par notre droit civil, surtout lorsque la donation est consentie à un enfant alors qu’il en existe plusieurs. La paix de la famille, lors du décès des donateurs, en dépend.
Donner une somme d’argent reste la façon la plus commune de donner un coup de pouce à l’un de ses proches.
Il est possible de transmettre une somme d’argent par chèque, virement, ou remise en espèces. Vous réalisez alors un don manuel. Il est préférable d’éviter la remise d’espèces car elle ne laisse aucune trace et peut poser des problèmes de preuve.
Quel est l’impact de la donation de somme d’argent sur ma succession ?
Le don manuel entraîne deux séries de conséquences souvent méconnues qui peuvent générer des conflits.
Première conséquence : si le don a été fait au profit de l’un des héritiers, il sera pris en compte pour un montant éventuellement revalorisé et viendra diminuer sa part à recevoir.
Deuxième conséquence : le don peut être réduit ou anéanti s’il empiète sur la part que la loi réserve à ses frères et sœurs.
Faire intervenir son notaire, un gage de sécurité
Il est possible de réaliser une donation notariée de somme d’argent. Elle présente de nombreux avantages et notamment :
- Bénéficier des conseils d’un professionnel ;
- S’assurer de la régularité de la donation et de sa date ;
- Eviter toute confusion avec un prêt ;
- Intégrer des clauses particulières ;
- Faire une donation-partage (et éviter la revalorisation du montant donné pour le calcul de la part de chaque héritier).
LA DONATION-PARTAGE
La donation-partage présente de multiples avantages :
- elle permet de procéder à un partage définitif des biens donnés entre ses bénéficiaires, qui ne pourra pas être remis en question au décès du donateur ;
- les biens donnés sont définitivement évalués au jour de la donation-partage;
- elle bénéficie le plus souvent d’une fiscalité avantageuse.
A la fois partage et donation, la donation-partage permet donc de régler tout ou partie de sa succession par anticipation.
COMMENT L'ÉTABLIR
A quelques exceptions près, la donation partage est soumise aux mêmes règles que les autres donations.
Elle doit, pour être valable, être établi par acte notarié, et être acceptée par tous les bénéficiaires.
QUI PEUT EN BÉNÉFICIER ?
La donation-partage permet à toute personne d’anticiper la transmission de ses biens, quelle que soit sa situation familiale (absence d’enfant, famille recomposée…).
Une donation-partage peut être consentie par toute personne au profit de ses héritiers présomptifs, c’est-à-dire susceptibles de recueillir des biens dans sa succession (par exemple, une personne sans enfant peut donner et partager ses biens entre ses frères et sœurs) ou à défaut à ses neveux et nièces.
Même si tous les enfants du donateur sont vivants au moment de la donation-partage, il est possible de consentir la donation-partage à des descendants de degrés différents (donation trans-générationnelle).
Par exemple : donation-partage entre un enfant unique et ses propres enfants (petits-enfants du donateur).
Un couple dont l’un des membres a des enfants d’une autre union, peut consentir une donation au profit de ses enfants communs ou non. A la différence de l’enfant commun, l’enfant qui n’est pas commun ne peut recevoir des biens que de la part de son parent (biens propres ou communs), sans que le conjoint du donateur soit considéré comme co-donateur des biens communs (il n’intervient à l’acte que pour donner son consentement).
Enfin, un tiers (membre ou non de la famille) peut bénéficier d’une donation-partage dès lors que le partage comprend soit une entreprise individuelle, soit des parts de sociétés dans laquelle le donateur exerce une fonction dirigeante.
Une donation-partage reste valable si elle ne concerne que certains descendants du donateur. Cela peut notamment résulter de la volonté de ce dernier ou du refus de la donation par l’un des descendants.
De même, la donation-partage peut valablement prévoir une répartition inégale des biens entre les enfants et donc en avantager certains par rapport à d’autres.
Néanmoins, cela peut poser des difficultés lors de l’ouverture de la succession du donateur.
En effet, si tous les enfants ne participent pas à la donation ou n'acceptent pas expressément leur lot, celle-ci n’est pas considérée comme une donation-partage.
Elle ne bénéficie donc pas de tous les avantages qui y sont attachés.
LA REINTEGRATION DES BIENS DONNES ANTÉRIEUREMENT
Lorsque, les parents consentent des donations ponctuelles à leurs enfants, chaque enfant n’est pas nécessairement informé de ce que les autres ont reçu. Cela peut poser des difficultés à l’ouverture de la succession des parents, surtout en présence de dons manuels.
Afin de prévenir tout sentiment d’inégalité et d’éventuelles difficultés entre les héritiers au moment du décès, le parent donateur a la possibilité d’intégrer dans une donation-partage tout ou partie de ce qu’il a précédemment donné à chacun de ses enfants.
La valeur des biens précédemment donnés sera obligatoirement réévaluée au jour de la donation-partage pour rétablir l’égalité.
LA FISCALITÉ
La fiscalité de la donation-partage est identique à celle des autres donations (abattement selon la nature des liens qui unissent le donateur et le donataire, montant des droits de donation, réduction accordée en fonction de l’âge du donateur).
Bien que la donation-partage réalise un partage, le droit de partage (2,5% ) n’est pas dû, sauf parfois en cas de réincorporation de donations antérieures.
Pourquoi donner avant 80 ans ?
Avant 80 ans, il est possible de réaliser un « don exceptionnel de somme d’argent » : Toute personne peut donner une somme d'argent à chacun de ses enfants ou petits-enfants (voire neveux ou nièces si elle n'a pas de descendance), sans payer d'impôts dans la limite de 31.865€, et cela tous les 15 ans. Chaque descendant peut recevoir 31 865€ de chacun de ses parents et grands-parents.
Des conditions sont à respecter : le donateur doit être âgé de moins de 80 ans, et le bénéficiaire, être majeur le jour de la transmission. La donation peut s'effectuer en une ou plusieurs fois sur 15 ans.
Le conseil du notaire :
Indépendamment de son âge, chaque parent peut donner en plus jusqu'à 100.000€ par enfant sans avoir à payer d'impôt, et cela, par période de 15 ans. Au-delà, des droits de mutation sont dus (de 5 % à 45 % selon le montant pour le don d'un parent à un enfant). Ainsi, un couple qui a deux enfants pourra leur donner jusqu'à 400 000€ sans fiscalité tous les quinze ans.