Créer & gérer son entreprise

Créer et gérer son entreprise
De nombreux aspects sont essentiels et doivent être soigneusement étudiés avant toute décision. En particulier les choix juridiques de départ mais aussi ceux effectués tout au long de la vie de l’entreprise : achat, vente, emprunt, transformation, fusion, apport, cession de droits sociaux. Il faut toujours étudier simultanément les aspects financiers et techniques mais aussi et surtout les aspects familiaux, juridiques et fiscaux, souvent très liés dans notre législation. La situation du propriétaire d’entreprise doit être envisagée en même temps que celle de l’entreprise. Avant toute décision, la situation personnelle, familiale et patrimoniale de l’entrepreneur et de ses éventuels associés doit être examinée.
Prenons quelques exemples. Le fait que les associés d’une société soient membres d’une même famille peut influer sur sa transmission. Les clauses d’agrément pour les cessions de parts sociales en tiendront compte. La situation personnelle des associés (célibataires, soumis à un pacte civile de solidarité ou mariés sous tel ou tel régime matrimonial) influe également sur le mode de fonctionnement de la société et donc sur la marche de l’entreprise.
Le régime matrimonial du commerçant ou de l’artisan modifie la façon dont la banque financera l’entreprise, notamment sur le plan des garanties. Les investissements et la trésorerie peuvent en être directement affectés.
En cas de difficultés financières, l’organisation juridique des locaux d’exploitation (boutique, atelier, bureaux, usines, bâtiments agricoles) est déterminante. Leur mode d’achat ou de financement (en direct, au moyen d’une structure sociétaire, en crédit-bail) aboutira à des résultats très différents. Quelle que soit la taille de l’entreprise (petit commerce, cabinet libéral ou société) et le secteur d’activité, les aspects familiaux et financiers doivent être pris en compte dès la création de l’entreprise. Ils sont déterminants dans le choix de la forme juridique de l’entreprise. Certaines situations guideront vers la forme d’une entreprise individuelle, d’autres vers la constitution d’une société : il faudra alors choisir le type de société possible. Les aspects humains sont essentiels.
Par ailleurs, le fait que le chef d’entreprise n’ait pas organisé sa succession peut conduire à la disparition de l’entreprise à son décès, surtout s’il est accidentel. Des précautions doivent être prises. Depuis la création de l’entreprise jusqu’à sa transmission, il est préférable d’être guidé dans le labyrinthe juridique et fiscal par un professionnel compétent.

LA SCI PROFESSIONNELLE
Constituer une société civile immobilière (SCI) pour acheter à deux peut sembler être une bonne idée. Chacun sera en effet titulaire de parts sociales dans la proportion de son apport dans le capital de la société. Mais, attention: le recours à la société civile immobilière doit être réfléchi, les contraintes techniques étant nombreuses :
- Les nombreuses formalités, et leur coût : rédaction de statuts, insertion dans un journal d’annonces, dépôt au greffe du tribunal, publication au Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales, immatriculation au registre du commerce et des sociétés…
- L’organisation d’assemblées générales et la tenue de comptes annuels sont obligatoires. À défaut, la SCI peut être considérée comme fictive.
- La SCI ne permet pas à ses associés de bénéficier du prêt à taux zéro ou d’utiliser un PEL.
- Si le financement nécessite un emprunt bancaire, ce dernier doit être consenti au nom de la SCI, personne morale. Il est impossible de financer une SCI par des emprunts distincts conclus par chaque associé.
- La tontine sur une part de SCI permet au survivant d’un couple vivant en concubinage ou partenaires d’un Pacs d’acquérir la part de son conjoint et de conserver leur logement commun. En effet, par l’effet de la clause, la part de SCI est automatiquement transférée au bénéficiaire sans transiter par la masse successorale.
LE BAIL COMMERCIAL
Le commerçant ou l'industriel, qui exploite une entreprise dont il est propriétaire dans des locaux loués, bénéficie d'une protection particulière à l'égard du propriétaire des lieux, laquelle résulte de réglementation particulière du bail commercial : le contrat de bail commercial.
Pourquoi une telle mesure existe-t-elle?
Parce que la loi veut protéger l'entrepreneur et son entreprise, en assurant la sécurité de son bail. L'entrepreneur doit pouvoir compter sur une adresse professionnelle ou commerciale stable pendant une longue période. La fidélité de sa clientèle en dépend. Cette protection spéciale est parfois appelée « propriété commerciale », car le locataire a droit en principe au renouvellement du bail. Pendant la durée du bail, au minimum de neuf ans, le locataire ne peut pratiquement pas être évincé, sauf cas exceptionnels et à condition d'être indemnisé par le propriétaire.
Le propriétaire a-t-il tout de même le droit de récupérer son immeuble ?
La «propriété commerciale» ne retire pas au propriétaire le droit de récupérer son immeuble au terme du bail ou à la fin d'une période de trois ans, dans certaines circonstances, par exemple : construction, reconstruction, habitation personnelle si les locaux comprennent un logement, démolition, ou encore motif grave et légitime.
Enfin, en cas de non-respect par le locataire de ses obligations (non-paiement du loyer par exemple), le bailleur pourra se voir restituer rapidement son local commercial s'il a pris soin d'avoir fait établir son bail par un notaire. En effet seul le contrat de bail notarié dispense le bailleur d'obtenir un jugement de condamnation de son locataire pour obtenir le paiement des loyers dus et la résolution rapide du bail.
En dehors de ces cas, le locataire a droit, s'il remplit les conditions nécessaires, au renouvellement de son bail pour la même durée et moyennant un loyer soumis à un plafond. A défaut, il reçoit une indemnité représentant la valeur du fonds ou de son droit au bail.
à son successeur dans son fonds de commerce. Il peut être amené aussi à céder isolément son droit au bail. C'est l'hypothèse de plus en plus fréquente où le commerçant en place cesse son activité et cède son droit au bail à un commerçant exerçant une activité différente de la sienne. Si des clauses du contrat de bail peuvent interdire ou restreindre cette cession, la loi lui offre la possibilité de passer outre ses restrictions lorsqu'il fait valoir ses droits à la retraite.
Qu’est-ce que le locataire devra payer au bailleur ?
La conclusion d'un bail commercial peut donner lieu au paiement d'un droit d'entrée, puis d'un loyer et de charges. Le droit d'entrée, ou pas de porte, est une somme d'argent versée par le locataire lors de son entrée dans les lieux qui s'analyse soit comme un supplément de loyer soit comme une indemnité.
entre le bailleur et le locataire. Il peut être réévalué périodiquement et lors du renouvellement du bail mais dans le respect d'un plafond légal interdisant des augmentations excessives.Les baux commerciaux prévoient le plus souvent une indexation du loyer sur la base de l'indice INSEE du coût de la construction.
La répartition des charges entre le bailleur et le locataire est librement débattue entre eux (taxe foncière, charges de copropriété, travaux…).